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Comment classer un Ladysmith ?
jeudi 25 avril 2019, par

L’arrêté du 8 janvier 1986 a classé en 8ème catégorie, 74 armes de poing, jusque-là classées en catégorie 1ère ou 4ème catégories [3]. Depuis 33 ans, bien qu’aucune de ces armes n’ait jamais été impliquée dans une affaire de droit commun, cette liste n’a jamais été élargie [4].
- La première variante du S&W Ladysmith, identifiable à la présence d’un poussoir de déverrouillage du barillet du côté gauche de la carcasse (flèche). Ce premier modèle de Smith &Wesson à barillet basculant est bâti sur une petite carcasse de type M (M frame) et chambré pour une cartouche de .22 S&W Long, qu’’il ne faut pas confondre avec la .22LR sous peine de détériorer rapidement l’arme.
Cette liste a depuis été reprise et les armes postérieures à 1900, qui en faisaient partie, sont désormais classées en catégorie D
Au nombre de ces armes figuraient plusieurs revolvers Smith & Wesson, dont le « Ladysmith modèle 1902. »
Cette arme est une variante en calibre .22 S&W Long des premiers S&W Hand Ejector.
Le problème est que l’appellation « modèle 1902 » est une de ces approximations, qui abondent dans la règlementation des armes.
Les rédacteurs de l’arrêté du 8 janvier 1986 possédaient une indéniable culture en matière d’armement ou du moins, avaient-ils écouté les recommandations de l’UFA. Seulement, en 1986, il circulait encore beaucoup « d’approximation » en matière de désignation des armes. Les connaissances de l’époque étaient bien moins approfondies que celles dont nous disposons aujourd’hui et les ouvrages faisant référence de l’époque ont depuis été complétés par de multiples études très ciblées sur tel ou tel type d’arme et surtout, à cette époque, Internet ne constituait pas encore l’outil de recherche et d’échange d’informations que nous avons tous aujourd’hui à notre disposition.
- Seconde variante de LadySmith : le déverrouillage du barillet basculant est désormais assuré par la traction effectuée sur un poussoir placé en avant de la tige d’éjection (flèche). Ce système révéla vite ses limites pour le tir de cartouches plus puissantes que la .22 S&W Long.
Trois variantes et non modèles
Ceci explique que la dénomination de certaines armes figurant dans cet arrêté est totalement fantaisiste ou, au minimum approximative. Au nombre des approximation, figure elle de « LadySmith modèle 1902 » Si la fabrication des premiers Lady Smith a bien commencé en 1902, nous avons aujourd’hui qu’il en a été fabriqué trois variantes qui ont été produites en continu entre 1902 et 1921,
Les collectionneurs d’Outre-Atlantique appellent ces variantes, premier, second et troisième modèles, mais ayant souligné dans des articles antérieurs les interprétations diverses que l’on pouvait donner au terme « modèle », nous continuerons dans cet article à employer le terme « variante ».
La première variante, mise sur le marché en 1902 se distingue des suivantes, par son verrouillage de barillet, actionné par un poussoir circulaire positionné du côté gauche de la carcasse.
4575 S&W Ladysmith de cette variante furent fabriqués, jusqu’à ce qu’en 1906, le fabricant, décida de remplacer le mode de déverrouillage du barillet par action sur un poussoir par un autre, inspiré de celui qui était utilisé sur des Hand Ejector de calibre plus important, qui s’effectuait en tirant sur l’avant de la tige de l’extracteur.
- Troisième et dernière variante de Ladysmith, comportant une carcasse carrée à le base (flèche), bien moins élégante que la poignée arrondie des modèles précédents, mais qui assurait une bien meilleure prise en main.
La seconde variante fut produite de 1906 à 1910 à 9375 exemplaires numérotés de 4576 à 13950, à la suite des exemplaires de la première variante. Cette version se distingue de la précédente par un barillet qui se déverrouille en tirant vers l’avant la tige de l’extracteur. Cette modification fut adoptée par S&W en cours de fabrication de la série Ladysmith, car elle simplifait la fabrication de l’arme. Il est probable que les canons et carcasse de la première variante continuèrent à être utilisés pour fabriquer les Ladysmith de la seconde variante, car le canon comporte les mêmes marquages que la variante précédente et aucune nouvelle date de brevet n’est mentionnée.
La troisième variante ne se différencie de la précédente que par la forme de la crosse qui est carré à la base. La numérotation continue à la suite de la série précédente. Alors que les canons des deux premières variantes portent les mêmes marquages, mentionnant les brevets du 24 octobre 1889, du 14 août 1900 et du 8 octobre 1901, le canon de la troisième variante porte la mention des brevets du 10 novembre 1903, du 6 févier 1906 et du 14 septembre 1909. Ces brevets couvent le mode de verrouillage du barillet apparu sur le second modèle mais non mentionné sur ces armes. Cela est sans doute du fait de l’utilisation de carcasses et de canons de la première variante encore disponibles dans les réserves de l’usine à ce moment.
S&W abandonna en 1921, la fabrication du Ladysmith , jugé trop fragile, doté d’un système de verrouillage du barillet désuet et supportant très mal que certains tireurs utilisent de la .22 Long Rifle au lieu de la .22 S&W Long.
1ère variante | 2ème variante | 3ème variante | |
---|---|---|---|
Période de fabrication |
1902-1906 | 1906-1910 | 1910-1921 |
Numéros de série | 1 à 4575 | 4576 à 13950 | 13951 à 26154 |
Quantité fabriquée | 4575 | 9375 | 12203 |
Éléments distinctifs | Déverrouillage du barillet par bouton-poussoir du côté gauche de la carcasse |
Déverrouillage du barillet par traction sur la tige de l’extracteur |
Déverrouillage du barillet par traction sur la tige de l’extracteur Carcasse à bas de poignée carrée. |
Marquages du canon | SMITH&WESSON SPRINGFIELD MASS.U.S.A PAT’D.OCT.24.1899, 14.1900,OCT.8.1901 |
SMITH&WESSON SPRINGFIELD MASS.U.S.A PAT’D.OCT.24.1899, ;14.1900,OCT.8.1901 |
SMITH&WESSON SPRINGFIELD MASS.U.S.A PAT’D. AUG.4.96, OCT.8.01, NOV.10.03FEB.6.06,SEPT.14.09 1 |
- Troisième et dernière variante de Ladysmith, comportant une carcasse carrée à le base (flèche), bien moins élégante que la poignée arrondie des modèles précédents, mais qui assurait une bien meilleure prise en main.
Quel classement pour les différentes modèles de S&W Ladysmith ?
Certains collectionneurs se sont interrogés sur le classement à donner aux Ladysmith des seconde et troisième variante. Ces intégristes se focalisent sur la formulation « S&W Ladysmith modèle [5] 1902 » qui, comme nous l’avons vu est erronée. Il n’existe pas de modèle 1902 et encore moins de modèle 1906 ou 1910, seulement des revolvers Ladysmith, dont la commercialisation a effectivement commencé en 1902 et dont il existe trois variantes, se différenciant par des détails infimes et sans effet sur la « dangerosité » de l’arme.
Il est à noter que depuis 33Ans (publication de l’arrêté de 1986), la plupart des collectionneurs français ont d’ailleurs acheté en toute bonne foi des Ladysmith des seconde set troisième variantes, certes un peu plus courants que ceux de la première variante, mais néanmoins assez rares.
A notre sens, les trois variantes de Ladysmith, qui ne se différencient que par des points de détail, sont à classer en catégorie D. Nous défendons cette position avec d’autant plus de sérénité, que l’arme reste assez peu courante, ainsi que le prouvent les prix pratiqués sur le marché et que sa fragilité, ainsi que son intolérance au cartouches modernes de .22LR, en font exclusivement une arme de collection.
Le cas particulier des Ladysmith confirme une fois de plus la nécessité d’opérer les achats d’armes de collection en toute transparence et d’exiger du vendeur une facture mentionnant le type et le numéro de série de l’arme achetée, ainsi que son classement. Ce genre de document permettra au propriétaire de prouver sa bonne foi au cas, fort improbable, où le classement de son arme serait contesté.
Le cas du classement du Ladysmith est certes anecdotique mais il permet de souligner, une fois de plus, les nombreuses imprécisions que comportent nos textes.
Bien évidemment, on ne peut exiger des agents de l’administration chargés de la rédaction des textes règlementaires, qu’ils soient aussi des connaisseurs expérimentés et documentés de l’histoire des armes de la fin du 19ème mais ce domaine est tellement complexe et même parfois tellement embrouillé que sa compréhension demande une réelle expertise.
L’UFA ne peut que souhaiter que les autorités confient à des experts judiciaires agréés dans le domaine des armes anciennes, une réécriture des principaux textes comportant des éléments historico-techniques complexes.
Par profession, ces experts joindraient aux connaissances approfondies indispensables, les garanties d’impartialité et de rigueur, nécessaires pour garantir une cohérence de la règlementation et préserver de la sécurité publique et au final, ce serait de toutes façons le ministre qui prendrait la décision d’entériner ces propositions !
Sources Les données de cet article proviennent de ouvrages suivants : – Pierre Giet « Les Revolvers Smith & Wesson de collection » : un des armes ouvrages complet en langue française sur le sujet (éditions Crépin Leblond), – Jim Supica et Richard Nahas « Standard Catalog of Smith & Wesson », – Roy G. Jinks « Smith &Wesson History ». |
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- Photo Brocarmes.fr
[1] L’équivalent de notre actuelle catégorie B.
[2] A l’exception d’un classement en catégorie collection des Webley RIC en 1987.
[3] L’équivalent de notre actuelle catégorie B.
[4] A l’exception d’un classement en catégorie collection des Webley RIC en 1987.
[5] Les rédacteurs de ce texte ont très certainement cherché à se raccrocher à une appellation de « modèle », conforme à la tradition française et bien dans l’esprit du décret-loi du 16 avril 1939, en vigueur à cette époque, pour lequel le concept de modèle constituait une référence essentielle en matière de classement.