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Gazette des armes n°430 avril 2011
Mémoires d’un détenteur d’armes qui a renonçé à la légalité
Mémoires d’un détenteur d’armes qui a renonçé à la légalité
vendredi 25 mars 2011, par
Les inquiétudes actuelles des propriétaires d’armes ont fait rigoler un détenteur dont nous reproduisons le témoignage, cela pour bien s’imprégner du ras le bol croissant d’années en années.
Nous avons choisi la publication de ce témoignage pour bien illustrer les effets pervers :
d’une règlementation rigide et injuste,
de l’instabilité juridique,
de la violation du droit de propriété et de la spoliation,
des refus non motivés.
« En 1998, quand le gouvernement a commencé à vouloir interdire certaines armes comme les fusils de chasse à pompe et les pistolets 22LR à un coup j’ai vu venir le danger et j’ai décidé de ne plus avoir aucune arme déclarée. J’avais à l’époque 12 belles armes de première et quatrième catégorie, détenues à mon nom avec autorisation.
Disposant d’autorisations en cours de validité, j’ai commencé par me constituer une large réserve de munitions et d’éléments de rechargement de différents calibres. Ensuite, j’ai revendu toutes ces armes détenues légalement. J’étais excédé de devoir solliciter tous les trois ans des autorisations et de perdre du temps au commissariat après avoir fait la « danse des sept voiles » à mon président de club pour qu’il consente à me remettre l’indispensable feuille verte (avis favorable) et qu’il daigne tamponner mon carnet de tir. Je souffrais de ce harcèlement administratif inutile pour la sécurité et l’ordre public.
Chaque année je faisais un chèque de 300 e pour l’inscription au club et le règlement de ma licence, de celle de ma femme et de nos deux enfants. Le président du club se permettait de m’assommer de ses remarques moralisatrices : je tirais avec des armes type militaire, qui n’étaient pas en odeur de sainteté à cette époque. Seul l’Unique DES 69 et le Manurhin Match étaient considérés comme « politiquement corrects » par le dogme ISSF [1]
Du légal au clandestin
Une fois mes armes vendues, j’ai rejoint un petit club où je me rends en semaine à une heure de faible fréquentation avec un Remington 1858 à poudre noire destiné à justifier mon déplacement, ma présence sur le stand et les détonations. Si d’autres tireurs se trouvent dans le stand, j’utilise (avec beaucoup de plaisir d’ailleurs) mon Remington. Lorsque je suis seul sur le pas de tir, je brûle un ou deux barillets de poudre noire, puis je vais discrètement chercher une seconde malette planquée dans ma voiture, dans laquelle se trouvent un magnifique Colt 1911A1 Remington de parachutage et un superbe P.08 DWM 1915. Ces armes ont été rachetées « sans papier », avec le produit de la vente de celles détenues sur autorisation, à un Papy qui avait conservé ces deux reliques depuis la guerre.
Il ne me reste plus qu’à fermer à clef la porte du stand et à faire revivre ces deux « vieilleries » léguées par l’histoire en prenant soin de ramasser soigneusement les étuis vides pour les recharger. Récemment j’ai rajouté dans les mêmes conditions un superbe Radom VIS 35 à ma petite panoplie clandestine, que je compte bien continuer à aggrandir avec le temps.
Plaisir suprême, j’ai dernièrement croisé mon ancien président qui, faute de parvenir à occuper les podiums dans les disciplines olympique classiques, s’était reconverti au tir aux armes règlementaires dans lequel il espérait avoir plus de chance d’assouvir ses ambitions médaillesques. Ce brave homme avait acquis pour une somme rondelette un clone de AR15 destiné à lui permettre enfin de décrocher les médailles et coupes dont il rêve. Cette conversion tardive à l’arme militaire ne lui ont pas porté chance. Désormais il ne vit plus à la pensée que son arme pourrait être classée en catégorie A1 et être prohibée à l’acquisition comme à la détention.
Pour ma part, je regarde tous ces débats avec sérénité et je plains les naïfs qui ont subi depuis 1998 les offensives Le Roux, Jospin, Buffet et les prohibitions successives. Cette frénésie a débuté avec les fusils de chasse à pompe et semble même vouloir s’attaquer aux armes non létales. »
Le système fabrique les délinquants
Il est évident que nous ne pouvons pas cautionner la démarche de ce détenteur, [2] qui s’est tourné vers la clandestinité. Nous devons respecter la règlementation même si celle-ci n’est pas respectable. Notre politique est de la faire évoluer favorablement. [3]
Nous avons choisi la publication de ce témoignage pour bien illustrer les effets pervers :
d’une règlementation rigide et injuste,
de l’instabilité juridique,
de la violation du droit de propriété et de la spoliation,
des refus non motivés.