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Comment classer les fusils suisses Schmidt Rubin ?
dimanche 1er septembre 2024, par
L’application de la doctrine pour le classement des armes d’un modèle pré/1900, laisse parfois perplexe sur le classement d’armes d’épaules issues de toute une lignée. Le détenteur hésite parfois sur les modifications mineures ou majeures qui modifient le classement.
Aussi nous nous sommes intéressés dans cette page aux fusils règlementaires suisse.
Fusil mle IG 1889
Le fusil IG 1889 (Infanteriegewehr 1889) est le premier d’une longue lignée d’armes d’épaule règlementaires suisses qui fait suite aux fusils VETTERLI et qui laissera la place au FASS 57, premier fusil automatique qui équipera l’armée suisse progressivement à partir de 1957.
Cette arme est due à la collaboration du colonel Rubin pour la munition et du colonel Schmidt pour l’arme. Il s’agit d’un fusil de conception originale avec une culasse coulissante rotative qui permet un tir beaucoup plus rapide qu’une culasse type Mauser à 4 mouvements. Cette culasse très longue est dotée de tenons de verrouillage tout à l’arrière ce qui ne va pas sans poser des problèmes de rigidité qui seront corrigés sur les modèles ultérieurs.
La cartouche conçue pour cette arme, rangée dans un magasin amovible contenant 12 cartouches, est la GP 90 (GP = Gewehr Patrone : cartouche pour fusil) qui est une 7.5x53,5. Elle est dotée d’une balle cylindro-ogivale de 13.8 g, en plomb, calepinée, animée d’une vitesse initiale d’environ 600 m/s dans un canon long de 780 mm à 3 rayures au pas de 270mm. Ces performances correspondent aux standards de l’époque dans les pays voisins. La hausse toboggan du fusil est étalonnée jusqu’à
2 000m.
Fabriquée à 212 000 exemplaires entre 1891 et 1897, cette arme est classée en catégorie D§e) dans la règlementation française.
Nota : sur beaucoup d’IG 89, et sur les armes qui lui succèderont, on trouve souvent frappée sur le tonnerre de l’arme la lettre" P" suivie d’une date. Celle-ci correspond à l’année de démobilisation du citoyen/soldat suisse qui se voyait alors attribuer son arme à titre privé (d’où le P).
Carabine de cavalerie 1893
Pour satisfaire aux demandes de la cavalerie qui souhaitait une arme moins encombrante que l’IG 89, la Suisse se dota d’une carabine avec une culasse linéaire à système Mannlicher, mais cette arme ne donna pas satisfaction en particulier en ce qui concerne le fonctionnement de la culasse qui n’avait pas la fluidité de la culasse de l’IG 1889.
Le canon mesure 550 mm et le chargeur amovible contient 6 cartouches.
Produite de 1895 (n° 1) à 1905 (n°7750) à 7 750 exemplaires, cette arme est classée en catégorie D§e) de la règlementation française.
Fusil IG 1889/96
La fragilité du système de verrouillage de l’IG 89 avec une culasse dotée de 2 tenons localisés tout à l’arrière de celle-ci n’était pas exempte de reproche : au tir l’ensemble vibrait beaucoup, ce qui nuisait à la précision. Le colonel Schmidt n’ayant pas voulu revoir sa copie, la modification fut opérée par le contrôleur Vogelsang. Elle consistait à faire migrer les tenons de verrouillage vers le milieu d’une culasse un peu plus courte que la précédente. Toujours doté du canon, long de 780 mm, à 3 rayures au pas de 270 mm, il tire la cartouche GP 90 qui sera suivie de la GP 90/03 dont la balle en plomb est coiffée d’une calotte blindée puis de la cartouche 90/23 qui intègre un projectile chemisé. La hausse demeure celle de l’IG 89.
Fabriquée à 137 050 exemplaires, cette arme est classée en catégorie D§e) de la règlementation française
Nota : La majorité de ces armes seront transformées ultérieurement et seuls
1 280 exemplaires de ce modèle resteront en l’état d’où leur relative rareté.
Carabine de cadet 1897
Destinée à la formation des cadets, cette carabine est chambrée pour la munition GP 90 ainsi qu’une munition sous-chargée d’entraînement (kadetten patrone). En conséquence cette arme est munie d’une hausse toboggan à double échelle : graduée jusqu’à 1 200 m pour la GP 90 sur un côté, et de l’autre côté on trouve une échelle jusqu’à 400m pour la cartouche d’entraînement dont la vitesse initiale était d’environ 500 m/s.
Arme à 1 coup, elle possède la culasse de l’IG 1889/96 avec un canon à 3 rayures long de 590 mm.
Cette arme a été fabriquée à environ 7 900 exemplaires, du n° 1 (1898) au n° 15 477 (1927). Numéros discontinués entre n°7 420 et n°15 000
Elle est classée en catégorie D§e) dans la règlementation française.
Fusil IG 1896/11
Consciente que la balistique de sa munition GP 90 était dépassée par rapport aux évolutions des pays voisins, la commission fédérale met au point une nouvelle cartouche dotée d’un projectile bi-ogival pesant 11.3 g très aérodynamique aux performances balistiques nettement améliorées. Cette cartouche prend le nom de GP 11 (7.5X55).
Pour adopter cette nouvelle munition, le fusil 89/96 est profondément modifié : nouveau canon à 4 rayures au pas de 270 mm long de 780 mm, hausse plate adaptée à la nouvelle munition étalonnée jusqu’à 2 000 m. Cette cartouche s’avèrera une des meilleures munitions de moyen calibre dans le monde. La culasse du fusil 89/96 est suffisamment robuste pour être conservée sur le 1896/11. La grande majorité des IG 1889/96 fut transformée pour tirer la nouvelle cartouche GP 11 (à l’exception de 1 280 unités conservés en l’état). Le chargeur amovible contient 6 cartouches.
La crosse anglaise utilisée sur les modèles précédents devient semi-pistolet par ajout d’un élément en bois rapporté qui permet d’identifier cette arme au premier coup d’œil.
La fabrication s’étend du n°1 (1895) au numéro 349 000 (1912). Numérotation discontinuée entre n°50 et 212 100
L’arme est classée en catégorie D§e) dans la règlementation française.
Mise en garde : Bien que les 2 cartouches mentionnées ici aient une longueur de douille différente (53.5 mm pour la GP 90 et 55 mm pour la GP 11) la plupart des armes chambrées pour la GP 90 chambrent aussi la cartouche GP 11 sans modification (sans doute à cause du free bore généreux nécessaire pour accueillir la balle cylindro-ogivale calepinée de la GP 90 alors que la GP 11 est dotée d’un projectile très effilé). Le principe selon lequel il ne faut jamais tirer dans une arme une munition qui ne lui est pas destinée trouve ici sa pleine application.
La GP 90 développe une pression de 2 600 bars dans ses chargements d’origine alors que la pression de la GP 11 culmine à 3 500 bars. Bien qu’à notre connaissance aucun essai destructif n’ait été organisé, la prudence la plus élémentaire commande de ne jamais tirer la puissante GP 11 dans les armes chambrées pour la GP 90.
Carabine 1900/1911 (00/11)
Transformée à 18 750 exemplaires pour tirer la nouvelle cartouche GP 11, cette carabine est issue du fusil court 1889/1900.
Son canon mesure 590 mm et son chargeur amovible contient 6 cartouches.
Cette arme est classée en catégorie D§e dans la règlementation française (suivant les derniers éléments de doctrine retenus par le ministère de l’Intérieur)
Carabine 1905/1911 (05/11)
Transformée à 7 900 exemplaires, cette carabine est issue de la carabine de cavalerie 1905 qui fut modifiée pour tirer la nouvelle cartouche GP 11.
La fabrication va de 1906 à 1911. A noter que la numérotation de 1 à 7 900 est passée de 20 001 à 27 900, par ajout du nombre 20 000, lors de la transformation pour tirer la GP 11.
Son canon mesure 590 mm et son chargeur amovible contient 6 cartouches.
Cette arme est classée en catégorie D§e dans la règlementation française (suivant les derniers éléments de doctrine retenus par le ministère de l’Intérieur).
Fusil G 11
Fabriqué à 130 000 exemplaires environ, ce fusil reprend les différentes caractéristiques du fusil 1896/11. Il est doté d’un canon long de 780 mm à 4 rayures au pas de 270 mm et devient l’arme de dotation de l’armée suisse. La poignée semi-pistolet est aménagée d’origine.
Nota : 21 000 exemplaires furent dotés d’un canon rayé au pas de 230 mm (mention 230 sur le tonnerre), mais la précision étant plutôt moins bonne à longue distance qu’avec les canons rayés au pas de 270 mm l’expérience resta sans suite (pour être précis 6 000 fusils 1896/11 et 15 000 fusils G 11 furent dotés d’un canon rayé au pas de 230 mm).
Cette arme fabriquée de 1912 (n° 355 000) à 1919 (n° 482 000) est classée C1°§b dans la règlementation française.
Carabine K 11
Dans le souci de fournir à certaines unités (cavalerie, mitrailleurs, cyclistes, génie...) une arme plus maniable que l’IG 11, outre la conversion des modèles antérieurs 1900/1905 et 1900/1911 à la cartouche GP 11, une carabine dotée d’un canon de 590 mm est produite en parallèle avec l’IG 11 : la carabine K 11 produite à 184 800 exemplaires.
A noter qu’après l’arrêt de fabrication du fusil IG 11 en 1919, un certain nombre de ceux-ci furent raccourcis pour être transformés en K 11.
Cette arme a été fabriquée à 185 000 exemplaires de 1914 (n°30 001) à 1933 (n°215 100). Elle est classée en catégorie C1°§b dans la règlementation française.
Fusil K 31
Le duo IG11/K11 présentait l’inconvénient d’entretenir une dualité d’armement. Aussi y avait-il nécessité d’avoir une arme guère plus encombrante que le K11 tout en étant aussi précise que le G11, et étant moins chère à fabriquer. Développée sous la houlette du colonel Adolf Furet, directeur de la Waffenfabrik, les ingénieurs conçurent une culasse totalement nouvelle, toujours à action linéaire, plus courte que les culasses des modèles précédents et adoptant un verrouillage à 2 tenons en tête avec une cuvette de tir enveloppant le culot de la cartouche. Cela permettait d’allonger le canon sans allonger l’arme.
Le canon d’une longueur intermédiaire (65 cm) est à 4 rayures au pas de 270 mm comme ses prédécesseurs IG11/K11 et le chargeur, d’un nouveau type, contient 6 cartouches. Les bois sont en noyer jusqu’en 1944 puis en hêtre ensuite.
Ce fusil sera remplacé progressivement par le FASS 57 à partir de 1957.
Il est fabriqué à 528 320 exemplaires, de 1933 (n° 520 010) à 1953 (n°999 999), puis de 1953 (n°215 001) à 1958 (n° 263 330). Il existe également des fabrications de "séries privées" produites entre 1934 et 1972. Cette arme est classée en catégorie C1°§b dans la règlementation française.
Fusils de tireur d’élite 31/42 et 31/43
Première version de tireur d’élite du K 31, le K31/42 était pourvu d’une lunette de grossissement 1.8 étalonnée jusqu’à 1 000 m, grâce à une hausse auxiliaire, et installée sur un support latéral.
Cette première version sera rapidement suivie d’un modèle, le K31/43, doté d’une lunette de grossissement 2.8 étalonnée jusqu’à 700 m également par une hausse auxiliaire.
Ces 2 modèles confondus ont été fabriqués à 2 241 exemplaires fabriqués de 1944 à 1946 et numérotés de 450 001 à 452 241. Ces 2 armes sont classées en catégorie C1§b dans la règlementation française.
Fusil de tireur d’élite ZFK 31/55
Les modèles 31/42 et 31/43 n’étant pas vraiment adaptés à leur mission, l’étude d’une nouvelle arme s’avéra nécessaire et aboutit au modèle 31/55.
Si la conception mécanique conserve une certaine filiation avec celle du K 31, 3 ou 4 pièces seulement sont interchangeables avec ce dernier. Le canon est plus long, plus étoffé et muni d’un frein de bouche. Les bois spécifiques à cette arme reçoivent un bipied positionné assez en arrière sous le garde-main avec crosse à poignée pistolet.
La culasse a une disposition inclinée vers la droite de 15° pour permettre d’éjecter la douille après le tir sans qu’elle heurte l’embase de la lunette de visée.
La lunette Kern est d’un modèle nouveau, qui a un grossissement de 3.5, étalonnée jusqu’à 800 m et est installée dans l’axe sur un montage latéral.
La fabrication commence en 1957 (n° 1 001) jusqu’en 1959/60 (n° 5 150) soit environ
4 150 exemplaires. Cette arme est classée C1§b dans la règlementation française.
Sources :
swisswaffen.com - swissrifles.com->http://swissrifles.com] - le forum TIR et COLLECTION Armes Règlementaires - Wikipédia.
Rel. LV-06/09/24