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Article paru dans la Gazette des armes n° 538 février 2021

Le musée des Trois Guerres d’Annecy

De la problématique des musées privés

jeudi 18 février 2021, par Jean-Jacques BUIGNE fondateur de l’UFA

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Passionné par les trois guerres (1870-1914-18 et 1939-45), Bernard Sterna, insatiable collectionneur, a réuni sans relâche les souvenirs militaires dès sa jeunesse à la Libération. Il pose devant son AMX 13 VTT (véhicule de commandement d’artillerie).
Aujourd’hui d’un âge vénérable, ce fils d’immigré italien d’abord peintre en bâtiment, a ensuite exercé le métier d’armurier. Il était connu pour ses MAS-Sterna fabriqués à partir d’éléments acquis aux domaines. Il avait aussi commercialisé des Mas 36 et 49 remontés avec des canons neufs en .284 Winchester ainsi que des 49/56 rechambrés en 30/284 Winchester, le tout en belle finition phosphatée ou laquée noire.

En décembre dernier, les médias se sont empressés de titrer « une saisie record de 10 tonnes d’armes anciennes ». C’est ce qui restait du musée Sterna à Seynod près d’Annecy.
Cette affaire vient de redémarrer suite à des vols commis par un jeune délinquant qui s’était servi dans les pièces détachées pour faire de la remise en état en vue de la revente.

Dans le milieu des collectionneurs, tout le monde connaît les mésaventures à répétition du musée des Trois Guerres d’Annecy. En 2005, la douane débarque au musée pour demander des factures. Puis les procédures s’enclenchent et des policiers veulent prélever des échantillons pour les montrer à certaines personnalités, avec la promesse de les ramener. Pour cela, ils doivent escalader acrobatiquement des étagères avec des échelles, les armes étant hors de portée du public, conformément à la règlementation. Ils font main basse sur des épaves et 145 obus d’artillerie marqués inertes et d’autres vestiges des trois guerres. Le déminage détruit immédiatement les obus sous la risée des autorités.

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En plus des 30 tonnes d’armes vidées par les militaires, l’administration a exigé de la famille que soient « ferraillées » 35 tonnes d’armes, ce qui représente 6 bennes. Dans la benne de gauche, on voit essentiellement des mécanismes de MAS 49-56 et autres éléments d’armes en fort mauvais état. Dans celle de droite, on retrouve des lames de glaives modèle 1816 et 1831 : entre le sacrilège et le gâchis ! Le Musée des Trois guerres d’Annecy.

Finalement, la cour d’appel de Chambéry confirme la détention illicite, mais ordonne la restitution des armes sous réserve qu’elles soient impropres au tir. Mais il s’agit principalement d’éléments d’armes et d’épaves et ces dernières sont impropres par nature au tir car déjà neutralisées . Impossible de faire face aux coûts de la neutralisation et il y a en 2011 d’importantes destructions d’armes stockées à St Etienne. Voir.

A l’époque, l’UFA était intervenue en faveur de Bernard Sterna en protestant auprès du Procureur de la République contre la destruction d’épaves et en dénonçant les erreurs manifestes dans les classements d’armes effectués par le Laboratoire de Police Scientifique qui classait la même arme dans des catégories différentes selon qu’elle avait ou non son chargeur.
Rel. L- 19/02/21

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Ce musée privé de 3 000 m2 créé en 1982 comportait : une salle reconstituant la « zone rouge » de Verdun, une collection d’affiches de propagande des deux guerres mondiales à couper le souffle, sans parler des dizaines de mannequins des armées belligérantes.
Il était doté d’un stand de tir en sous-sol, des bourses aux armes étaient organisées au rez-de-chaussée.
Faute de repreneur, ce musée a commencé à se dégrader et il a été fermé en 2003 par arrêté municipal, ne répondant plus aux normes d’hygiène et de sécurité.
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La cour du musée était remplie de véhicules militaires qu’il prêtait volontiers pour les commémorations officielles. Sur notre photo : un Sherman VHS de la 2ème GM, deux AMX 13 et 30 des années 1950 et une traction utilisée par les FFI.
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Guy Sterna, fils du fondateur, a décidé de remettre
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en état, et nettoyer l’ensemble de la collection.
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