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Les tireurs viennent de Mars et leurs présidents de Jupiter

mardi 17 août 2021, par Jean Pierre Bastié président de l’UFA

Tireurs : vie sociale

L’UFA reçoit régulièrement des doléances ou des demandes de soutien de la part de tireurs qui se sentent opprimés dans leurs clubs par des présidents jupitériens. Mais nous recevons aussi des messages de présidents de clubs de tir démunis face aux nombreuses difficultés qu’ils rencontrent et aux responsabilités qui sont les leurs.

Ces incompréhensions entre dirigeants et membres de clubs de tir, on les retrouve au quotidien sur les différents forums dédiés aux armes à feu et au tir sportif.
Etrangers au fonctionnement de la FFTir, nous nous interdisons de juger qui que ce soit, mais il nous a paru intéressant d’explorer cet univers en perpétuel mouvement en prenant en compte les demandes des uns et les inquiétudes des autres.

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La responsabilité des présidents de clubs

Au sein d’une activité constamment menacée par un durcissement de la réglementation, au moindre faux pas ayant un écho médiatique, les présidents de clubs endossent un grand nombre de responsabilités.

La plus évidente concerne la sécurité. Celle des usagers du club, mais aussi des installations et du matériel : intégration du club dans son environnement (limitation des nuisances sonores s’il est en ville par exemple, installation de dispositifs pare-balles, gestion du plomb,etc.), formation des nouveaux tireurs, protection du matériel possédé par le club et notamment des armes, etc. En cas de problème, de vol ou d’accident, en plus des principaux intéressés, c’est bien souvent le président du club qui doit rendre des comptes devant l’administration ou les tribunaux. Il se peut même qu’il ait à se battre pour maintenir son club ouvert.

Les médias mettent en lumière

Les récents faits divers où étaient impliqués des tireurs sportifs, mettent en lumière le rôle des présidents de club dans le suivi des tireurs. Un suivi qui s’est vu renforcé depuis le 1er juillet 2020 suite à la suppression du carnet de tir. C’est maintenant au président qui délivre l’avis favorable nécessaire à la détention d’une arme de catégorie B, de s’assurer du respect des contraintes légales, à savoir l’obligation de réaliser au moins un tir par an.
Afin d’assurer ce suivi, nous avions déjà constaté que bon nombre de clubs ont conservé officieusement l’usage du carnet de tir ou mis en place tout un arsenal de règles propres au club permettant de contrôler le suivi des tireurs. Des règles qui vont parfois bien au-delà des exigences légales et des consignes données par la FFTir en matière de suivi des tireurs.

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Les stratégies différent d’un club à l’autre, pour « filtrer » les membres sérieux des indésirables :
- Parrainage par un membre déjà inscrit ;
- Entretiens avec le président ou un membre du bureau ;
- Lettre de motivation ;
- Obligation de consacrer plusieurs séances ou plusieurs mois au tir à l’air comprimé avant de se voir remettre sa licence de tir définitive et d’avoir le droit d’utiliser une arme à feu au sein du club ;
- Obligation de suivi d’une formation interne au club et passage d’un éventuel examen sous forme de QCM.

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Ces règles sont parfaitement légales à condition toutefois qu’elles figurent dans le règlement intérieur du club.
Selon les règles mises en place, il peut y avoir d’autres aspects règlementaires à satisfaire, mais attention à ne pas aller trop loin. (Voir article, mais aussi autre article).
Pour les présidents de clubs, la situation est assez proche de celle des maires des petites communes. Pas toujours de moyens et des responsabilités grandissantes qui les placent en première ligne en cas de problème.

Plusieurs de nos correspondants nous ont, par ailleurs, fait part de convocations répétées de leur président de club en gendarmerie pour évoquer le dossier de certains adhérents ou de candidats récusés. Les responsables de club seraient-ils désormais des « supplétifs de l’Etat »  ? En tout état de cause, comment peuvent-ils contribuer au rapport de moralité d’un adhérent qu’ils ne voient que très peu au club et qu’ils ne côtoient jamais dans la vie de tous les jours…

La responsabilité civile des président de clubs doit les conduire à la plus grande vigilance. Les dommages causés par le dirigeant d’une association à des membres de cette dernière, ou à des tiers, doivent, si demande en est faite, être réparés par l’association elle-même : le dirigeant n’est en effet que le mandataire de l’association et n’est donc pas personnellement responsable, sauf dans le cas où il pourrait lui être reproché des fautes détachables de ses fonctions.



La vie des tireurs

Pour les tireurs, les choses ne sont pas toujours simples non plus. Lors d’un changement de club pour un déménagement par exemple, il arrive qu’un tireur confirmé, parfois détenteur d’armes en cat B, soit contraint de repasser par l’étape des séances de tir à l’air comprimé pour faire ses preuves dans son nouveau club. Une étape jugée inutile et humiliante pour ceux qui l’ont vécue.

Frustration

L’accès au stand est une autre source de frustration lorsque les conditions d’accès aux pas de tir nécessitent la présence d’ouvreurs. Ces tireurs confirmés qui ont la responsabilité des accès ne peuvent être présents à la demande et ce sont leurs disponibilités qui conditionnent l’accès des tireurs au stand.

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Certains tireurs sportifs s’insurgent par ailleurs des directives abusives d’une ligue régionale qui définissent les calibres maximums utilisés sur les pas de tir ou le mode de chargement des armes à poudre noire. En limitant par exemple les armes de poing au 45 ACP, on interdit de fait les armes en calibre 455 Webley et 476 Eley.
Idem pour le revolver Mle 1873 et les Smith & Wesson à brisure exclus car les directives envoyées aux clubs de tir de cette ligue précisent que seules les armes de poing à poudre noire et chargement par la bouche sont acceptées.

Des droits et des devoirs

Les tireurs ont des droits, même si certains pensent que dans certains clubs ils se réduisent comme peau de chagrin, mais ils ont aussi des devoirs. Des devoirs de sécurité pour eux, pour les autres et pour les installations dont ils ont l’usage. Des devoirs réglementaires, définis par la réglementation des armes à feu, par le règlement de la FFTir et par les règles établies dans leurs clubs.

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Une de ces obligations consiste à valider par leur présence la pratique du tir qui leur permet de détenir des armes. Cette pratique longtemps cadrée par le carnet de tir avec ses trois séances de tir contrôlées s’est assouplie ces dernières années avec un seul tir de contrôle par an.
Ces contraintes légitimes ne doivent pas être traitées à la légère et un tir par an est vraiment un minimum pour faire valoir son assiduité. En cas « d’oubli » le tireur risque tout bonnement de voir ses demandes de renouvellement partir directement au panier.
La réglementation n’a pas le même poids partout dans l’hexagone. Il est des régions où faute de connaissance du monde des armes, les agents des préfectures compliquent inutilement la vie des tireurs : ici les renouvellements ou la demande d’acquisition d’une arme nouvelle ne peuvent être validés sans les documents originaux. Ce qui, compte tenu des délais à rallonge pour le retour des documents, empêche une partie des demandeurs d’acheter des munitions, faute de document.
Là c’est la poursuite des visites domiciliaires, malgré les instructions qui interdisent cette pratique… Ailleurs enfin, de nombreuses armes sont surclassées sans recours. Notamment des armes en catégorie D qui sont affichées par erreur en C sur les sites marchands qui servent de références aux agents des forces de l’ordre.

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Alors certes, tout n’est pas rose dans la vie des tireurs et on râle beaucoup sur les pas de tir. Mais tous les clubs ont annuellement une assemblée générale lors de laquelle ils peuvent s’exprimer librement et soutenir ou sanctionner leurs dirigeants par le biais du vote des membres du conseil d’administration.

Ce qui est vrai en interne l’est aussi à l’extérieur du club. Ils peuvent, s’ils le souhaitent, rejoindre les deux ou trois associations qui défendent leurs droits au plan national, lorsque la réglementation ou des articles à charge publiés par une presse partisane et mal informée s’en prend à leur sport préféré.
Alors comment aligner les planètes ? Et bien tout simplement en discutant, au lieu d’imposer des dictats ou de passer plus de temps à râler qu’à tenir le visuel de sa cible en ligne de mire.

Rel. L- 05/08/21

 

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