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Article paru dans la Gazette des Armes n° 506 de mars 2018
Souffrance et inquiétudes de la reconstitution
lundi 12 mars 2018, par
Dès le début des travaux parlementaires, nous avons demandé à être auditionnés à la Commission des Lois du Sénat. Et pendant deux mois nous avons communiqué avec Députés et Sénateurs pour faire reconnaître les dysfonctionnements répressifs dont sont victimes les reconstituteurs dans leurs déplacements avec « armes et bagages ».
Détentions et déplacements à hauts risques
- Verdun, commémoration de 2016.
• Avec l’état d’urgence, de nombreux collectionneurs ont été perquisitionnés. Et sous prétexte de détention de munitions vides (inertes) de plus de 20 mm, ils ont vu saisir leur collection. Alors que des milliers de communes de France exposent ces mêmes munitions aux quatre coins de leur monument aux morts.
• Les groupes de reconstitution n’osent plus se déplacer avec leurs armes malgré les garanties du Code de la Sécurité Intérieure qui reconnaît que « la reconstitution historique constitue le motif légitime de port et transport des armes et matériels militaire ».
• Récemment, un groupe qui transportait des MAS 36 reconstitués (pour l’apparence) à partir de ferraille issue de la destruction s’est fait arrêter par les douanes. On leur a reproché un transport d’armes de catégorie C non neutralisées. Alors qu’il ne s’agit même plus d’armes, mais de maquettes qui y ressemblent.
- Cette photo a fait le tour du monde. Elle montre l’ineptie de la situation : d’un côté les reconstituteurs sont sollicités pour « colorer » les cérémonies patriotiques, et de l’autre « empêchés » par des interdictions incompréhensibles. Comme les « Poilus de la Marne » interdits de porter des armes neutralisées ou factices lors des cérémonies à Fresnes en Woëvre et aux Eparges.
• Un autre groupe a perdu plusieurs heures avec les gendarmes et douaniers parce qu’il transportait la réplique d’un char Saint Chamond (1917). Ce n’était même pas un véhicule réel et tout l’armement était factice, une sorte de grosse maquette ou de décor de cinéma. Le même jour, un char Saint Chamond du Musée de Saumur a été retenu par la gendarmerie.
• Le responsable d’un groupe a été convoqué 6 mois après une manifestation parce qu’il avait acheté et stocké de la poudre noire pour faire tirer un canon du XVIIIe siècle. Après une journée de garde à vue dans une section anti-terroriste, il est ressorti blanchi mais amer. Et il est même possible que son interpellation laisse une trace sur le TAJ. L’administration en tirera un jour prétexte pour lui refuser une autorisation de détention d’arme !
- Souvent les évènements impliquant les reconsituteurs sont organisés par des collectivités locales. Pour celui du 70ème anniversaire de la libération d’Aix en Provence, la communauté de pays a subventionné de 70.000 €. (photo François Colin).
• La plupart du temps, ces interpellations suivies de perquisitions systématiques emploient les grands moyens avec personnel, gilets pare-balles, sirène, gyrophare. De telle sorte que toute la ville est au courant ainsi que l’employeur. Cela pose par la suite de graves problèmes aux personnes mises en cause.
Une activité citoyenne
Pourtant, ces groupes sont largement sollicités par les collectivités locales ou les autorités militaires pour participer à des commémorations citoyennes de devoir de mémoire. Leurs membres sont des passionnés d’histoire et sont porteurs de la mémoire et de la tradition culturelle française.
Il y a un tel « ras-le-bol » de cette situation que spontanément certains groupes de reconstitution s’orientent vers un boycott des commémorations du centenaire de la fin de la 1ère GM. Dans la réalité, il n’y a même pas besoin de boycott, ces groupes simplement empêchés de pratiquer leur activité historique ne pourront plus répondre aux demandes des collectivités. Certains envisagent même la vente de leur matériel à l’étranger, ce qui se traduira par une perte irréparable pour notre patrimoine national.
La Directive de la reconstitution
Les « acteurs de reconstitutions » pourront inscrire leur arme de catégorie C sur la carte européenne d’arme à feu. Ainsi, ils pourront se rendre dans les différents états européens à condition de justifier du but du voyage, « en présentant une invitation ou tout autre document attestant de leurs activités ( …) de reconstitution historique dans l’État membre de destination. » ; [1] Pour un voyage avec des armes neutralisées classées en catégorie C, leur inscription sur la carte européenne suffira à éviter tout problème. Ce que nous ne savons pas encore c’est le sort des armes neutralisées (ancienne ou nouvelle méthode) et encore classées en catégorie D2. |
Les reconstitueurs, une force vive de la nation Durant tout le mois de janvier 2018, les reconstitueurs nous ont démontré qu’ils sont nombreux, passionnés et que leur ras-le-bol dépasse ce qui est admissible. Ainsi, avec des articles de journaux et des interventions nombreuses vis à vis des parlementaires, ils ont permis que l’on parle d’eux dans les débats lors de la 2ème séance du 31 janvier à l’Assemblée Nationale.
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Voir également :
Reconstitution : un service civique ?
la rubrique reconstitution sur le site.
Les députés viennent à l’aide des reconstitueurs en posant des questions au gouvernement.
- Question n°7395 posée par le député Bruno Bilde (Non inscrit).
- Sujet : Transport armes neutralisées en catégorie C.
- Question n°6036 posée par le député Julien Aubert (LR).
- Sujet : Transport armes neutralisées et autres armes par les reconstitueurs.
- Question n°6035 posée par le député Valérie Beauvais (LR).
- Sujet : Transport armes neutralisées et autres armes par les reconstitueurs.
- Question n°5526 posée par le député Jean Louis Bricout (Nouvelle Gauche).
- Sujet : Transport armes neutralisées et autres armes par les reconstitueurs.
- Question n°5285 posée par le député Christophe Blanchet (LRM).
- Sujet : Transport armes neutralisées et autres armes par les reconstitueurs.
- Question n°4813 posée par le député Jean Louis MASSON (LR).
- Sujet : Carte du collectionneur.
[1] Directive (UE) 2017/853, art 10 ter §13.