La collection de militaria
Ventes aux enchères : objets nazis contestés
mardi 8 avril 2025, par

Partout, des organisations militantes s’efforcent de faire annuler des ventes aux enchères proposant des objets de militaria arborant la croix gammée. Face à cette pression, certains commissaires-priseurs préfèrent renoncer afin d’éviter le scandale, tandis que d’autres y sont contraints par décision judiciaire. Mais ces décisions sont-elles réellement conformes au droit ? C’est la question que nous nous proposons d’examiner dans cet article.
Seule est interdite : « l’exhibition d’uniformes, d’insignes ou d’emblèmes évoquant les responsables de crimes contre l’humanité. »
- Un ensemble de 80 objets nazi issus d’une collection privée, va rejoindre la collection permanente du musée de l’Holocauste de Buenos Aires. Lire article.
Pourquoi collectionner ?
À l’opposé de toute volonté de glorifier une idéologie, le collectionneur se distingue par son désir de rassembler des objets qui ont traversé l’Histoire. C’est dans cet esprit que, s’agissant de la Seconde Guerre mondiale, certains exposent côte à côte l’étoile américaine, la faucille et le marteau, la croix de Lorraine ou encore l’insigne nazi. Car c’est bien grâce à ces passionnés de mémoire, présents tout au long de l’histoire de l’humanité, que les musées du XXIe siècle peuvent aujourd’hui présenter des témoignages authentiques du passé.
Effacer une partie de l’Histoire, n’est-ce pas paradoxalement risquer d’y attirer davantage l’attention ? Et détruire des objets historiques, même dérangeants, ne serait-il pas contre-productif ? Dans cette perspective, éviter toute forme de censure pourrait être perçu comme une marque de sagesse.
Assimiler les collectionneurs de ces objets à des nostalgiques de régimes révolus serait donc une erreur. Ceux qui collectionnent des armes de l’Ancien Régime ne sont pas nécessairement royalistes, pas plus que les passionnés du Premier Empire ne rêvent du retour d’un pouvoir impérial.
Témoigner pour l’avenir
En 1945, lorsque les GI’s et les soldats de Leclerc s’emparèrent, qui d’un couvert du service personnel d’Hitler, qui d’une serviette brodée de son monogramme "AH", dans le nid d’aigle de Berchtesgaden, ils savaient peut-être, sans en avoir pleinement conscience, qu’il était essentiel de conserver des preuves matérielles du cauchemar que le monde venait de traverser.
Sans ces témoignages concrets, souvent ordinaires, les générations futures peineront à saisir la réalité du régime nazi, l’ampleur de sa propagande et la profondeur de son emprise sur la société allemande.
Que dit la loi ?
L’article R.645-1 du Code pénal punit d’une contravention de cinquième classe passible d’une amende le port ou l’exhibition en public d’un uniforme, insigne ou emblème rappelant ceux portés par les membres d’une organisation déclarée criminelle par le tribunal de Nuremberg (SS, SD, Gestapo, corps des chefs nazis (le Führer, la Reichsleitung, les gauleiters et leurs principaux collaborateurs, les Kreitsleiter et leurs collaborateurs, les Ortsgruppenleiter, les Zellenleiter et les Blockleiter)) ou par toute personne reconnue coupable pour crime contre l’humanité.
Le Code prévoit des peines complémentaires, telles que la confiscation des objets ayant servi ou destinés à commettre l’infraction.
Cette infraction ne s’applique pas dans le cas où le port d’uniformes, insignes ou emblèmes est justifié pour les besoins d’un film, d’un spectacle ou d’une exposition dans le cadre d’une évocation historique.
Insignes xénophobes. Ils sont interdits dans une enceinte sportive, mais cela est une autre histoire.
Dans son rapport sur « La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la Xénophobie », la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme, n’aborde pas les souvenirs historiques.
WikipédiA fait une page sur la loi contre le racisme et les discours de haine et là encore, il n’est pas question des souvenirs historiques.
En résumé, un objet ne peut être interdit que s’il remplit trois conditions cumulatives : Il arbore un emblème associé à la SS, la Gestapo, le SD, le corps des chefs nazis, ou à une personne condamnée pour crimes contre l’humanité ;
Il est présenté dans un cadre public ;
Il ne s’inscrit ni dans une reconstitution historique, ni dans un spectacle, ni dans une exposition à vocation culturelle.
- Don par des résistants d’objets de la seconde guerre mondiale
Des objets de la Seconde Guerre mondiale légués à un musée
Le mardi 6 mai 2008, une cérémonie officielle de donation s’est tenue au Château des ducs de Bretagne. À cette occasion, plusieurs résistants ont remis au Musée d’histoire de Nantes des objets symboliques de la Seconde Guerre mondiale. Parmi eux, Gisèle Giraudeau, membre du réseau Front National de lutte pour la libération et l’indépendance de la France, a fait don de sa tenue de déportée.
La donation comprenait également un drapeau allemand de la Feldkommandantur de Nantes, des tenues de déportés, des affiches de l’époque ainsi qu’un mémoire rédigé par un résistant. Ces objets, chargés d’histoire, viennent enrichir la mémoire collective et permettre aux générations futures de mieux comprendre les réalités de cette période sombre.
La justice et les politiques
Les objets liés au nazisme soulèvent de l’émotion à tel point que le législateur, justice et ’administration font des tentatives pour règlementer. Proposition de loi du 28 mai 2008 déposée par le Sénateur Jacques Legendre et plusieurs de ses collègues. cette proposition de loi n’a jamais été inscrite à l’ordre du jour du Sénat. Justification du parlementaire : La vente d’objets nazis constitue une des formes insidieuses que peuvent prendre ces tentatives. Aussi convient-il de réaffirmer clairement, par une disposition pénale dépourvue d’ambiguïté, que ce type de transaction ne saurait être acceptable d’aucune façon sur le territoire de la République Française, quelque forme qu’elle prenne.
Yahoo.com avait été condamné le 6 avril 2005 par la Cours d’Appel de Paris pour la vente aux enchères d’objets nazis. Le résumé de l’affaire.
Saisie entachée de nullité : des gendarmes pénètrent dans une bourse aux armes et saisissent des objets nazis. Ce n’était pas un lieu public puisqu’il fallait payer une entrée. Jugement de relaxe du 12 novembre 2015, Cherbourg n° 14175000150.
Etat condamné pour « faute lourde » : suite à une perquisition chez un collectionneur, un drapeau et des armes blanches ont été saisis et brulés à la demande du procureur de la république de Lisieux. L’Etat condamné à 8 000 € pour la destruction et 1 200 € de frais de justice. Jugement du 19 août 2013, Caen.
La presse : . ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Voir aussi article UFA : Le port illégal d’uniforme. |
- Le 5 avril 2025, une vente aux enchères consacrée au militaria de la Seconde Guerre mondiale s’est tenue à Soissons. L’événement avait été critiqué par le journal L’Union. - Le matin même, un petit groupe de manifestants s’est rassemblé devant les locaux de l’étude pour exprimer son opposition à la vente. Les forces de l’ordre sont rapidement intervenues, procédant à un contrôle d’identité des participants. Deux personnes ont été conduites au commissariat, dont l’une en possession d’un cutter. Malgré cet incident, la vente s’est déroulée sans encombre.
Mai 2019, en Belgique :
La situation belge est moins précise. Exposer et vendre des objets nazis n’est pas prohibé. La loi du 23 mars 1995 tendant à réprimer la négation du génocide juif, en revanche, sanctionne l’utilisation de telles pièces aux fins d’apologie du régime national-socialiste. Selon les cas, l’exposition d’armes, d’uniformes et de sigles nazis tient donc à la fois de la propagande et de la collection historique. Vendre un objet remontant au Troisième Reich n’est pas illégal en Belgique, à condition de présenter une « valeur de collection historique ». C’est la position de la foire de Ciney, le plus grand marché de militaria du pays.
Que dire, donc des objets arborant la croix gammée qui ne sont en réalité que des reproductions à l’identique d’objets anciens ? Mystère.
28 septembre 2020 : proposition de loi Belge pour pénaliser ceux qui « porte ou exhibe » à de fins de propagande, les insignes des organisations déclarées criminelles. C’est en gros le Code Pénal Français avec la restriction de condition de propagande.
Ce qu’en pensent les politiques belges ? En novembre 2018, Georges Gilkinet (Ecolo) s’était dit choqué par le fait que des objets nazis (broches, brassards, etc.) aient pu être mis en vente à la Bourse Militaria de Ciney, le 28 octobre dernier.Le ministre de l’Intérieur, Jan Jambon (N-VA) avait alors répondu que le Code pénal ne prévoit pas de sanction pour la vente d’objets à l’emblème SS ou nazi mais bien en cas de discrimination, d’actes de haine ou de violence en raison de la race, de l’ascendance ou de l’origine nationale ou ethnique.
22 février 2021 : Dans un excellent article, le Figaro explique que sous le couvert d’anonymat, un militant s’attache à faire capoter toutes les ventes aux enchères où sont présents des objets comportant une croix gammée ou rappelant le régime nazi. Ainsi il s’est donné pour mission d’éradiquer une période de l’histoire comme si elle n’avait jamais existé. WikipédiA défini le Négationnisme par : « un déni de faits historiques, malgré la présence de preuves flagrantes rapportées par les historiens, et ce à des fins racistes ou politiques ». Alors que la vente de ces objets est légale, il promet de faire de l’agitation autour de la vente ce qui est évidemment contraire à la quiétude propre aux ventes aux enchères.
L’éternelle question est de savoir s’il faut se souvenir du passé pour éviter de répéter ses erreurs, ou de l’effacer des mémoires au risque de créer un traumatisme émotionnel ? Les psychologues prônent plutôt la résilience qui cultive l’art de rebondir à partir d’un évènement douloureux totalement accepté.
17 novembre 2010 : Le journal l’Express publiait un article de 3 pages sur le sujet en indiquant que même, Serge Klarsfeld le traqueur de nazis, refuse l’interdiction des objets rappelant le régime nazi.
Effacer les croix gammées : les maquettes en plastique ne comportent plus de croix gammées, l’armée allemande de la dernière guerre n’avait pas d’avions ?
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Rel. L- 24/02/21