Ethique et Toc à la suite de l’émission d’Élise Lucet

lundi 20 juin 2022, par Jean-Jacques BUIGNE fondateur de l’UFA

Lors de l’émission « Envoyé Spécial » sur France 2 un jeune étudiant tireur licencié de la FFTir a été interviewé. Personne normale : casier vierge, étudiant intégré etc... sauf qu’il est excessif dans ses propos qui n’ont pas été « politiquement corrects » pour la doxa habituelle : il dit garder des armes pour sa défense personnelle, alors qu’il en a eu les autorisations pour le tir sportif.

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A la suite de cette émission, avant même que la FFTir ait pu mettre en place un conseil de discipline pour manquement à l’éthique, les représentants de l’État ont frappé vite et fort. L’étudiant qui a participé de façon fort maladroite à l’émission, sans imaginer les conséquences de son témoignage, a été saisi de toutes ses armes et inscrit au FINIADA à la suite d’un arrêté préfectoral.

Le préfet de Rennes lui reproche d’avoir « publié sur les réseaux sociaux des messages comportant une phraséologie insultante envers les forces de l’ordre. » [1] Mais aussi en tant que tireur « d’avoir remis en cause le bien-fondé des règles sportives et de sécurité de la FFTir. » Et encore, dans ses vidéos YouTube d’avoir encouragé à « s’armer et à se former dans un objectif de défense personnelle. » Et sur le plan de la règlementation des armes, il aurait commis le délit de changer de département sans en avertir le préfet [2].
En raison de tous ces griefs, le préfet estime que le tireur « a fait preuve d’un comportement qui est incompatible avec la détention d’armes et qui présente un danger grave pour lui-même ou pour autrui. » C’est ainsi qu’il a été dessaisi « sans formalité préalable ni procédure contradictoire » [3].


Au final, on lui reproche d’avoir acquis des armes en tant que tireur sportif et de promouvoir l’idée d’en détourner l’usage pour l’auto-défense. Mais la maladresse de comportement du jeune homme lui a valu l’attention de l’État. Tout cela s’est trouvé aggravé par le fait qu’il n’était pas complètement « dans les clous » sur le plan légal. Victime d’opinions incompatibles avec la détention d’armes et d’un discours aussi excessif que décomplexé, il se retrouve mis au ban des détenteurs légaux d’armes à feu.
La procédure entreprise à son encontre se voulait-elle exemplaire ? Force est de constater ses effets en tous cas, puisque les militants pour le port d’arme citoyen ont jugé plus prudent de se faire oublier, et ont clos ou suspendu volontairement leurs comptes sur les réseaux sociaux.
La procédure entreprise à son encontre se voulait-elle exemplaire ? [4] Force est de constater certains effets en tous cas, puisque les militants pour le port d’arme citoyen ont jugé plus prudent de se faire oublier, et ont clos ou suspendu volontairement leurs comptes sur les réseaux sociaux.
Une fois de plus, la preuve est faite que le droit de détenir des armes, en plus d’être encadré par la loi, est de plus en plus soumis à une obligation de réserve au regard de ses opinions [5] et des règles de vie en société. Déjà on sait bien que « quand on a des armes chez soi, il ne faut pas se disputer avec ses voisins, ni se faire remarquer d’aucune manière ». Et cela ne peut qu’augmenter le ressenti négatif qu’éprouvent les millions d’utilisateurs légaux d’armes.


[1Comme tous les jeunes, c’était un dialogue limite ou chacun se renvoyait coup pour coup, forces de l’ordre et étudiant. Des gamineries en somme !

[2Devant redéménager dans deux mois, il avait procrastiné pour éviter de multiples démarches, mais la loi reste la loi.

[4In fine les effets pour l’état de droit seront-ils plus positifs que négatifs ?

[5Pourtant, l’article 11 de la déclaration des droits de l’homme protège la liberté d’expression.