Petite histoire de la collection d’armes en france

samedi 19 juin 2021, par Jean Pierre Bastié président de l’UFA

Journalistes ou amateurs débutants nous interrogent souvent sur les arcanes de la collection d’armes anciennes. Cet article leur est dédié..

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Un amateur d’arme illustre...

La collection d’armes est une vieille histoire en France, il en est déjà question au XVème siècle, sous le règne de Louis XII. A cette époque, le château d’Amboise renferme des armes nombreuses qui ont appartenu à d’illustres guerriers.

Plus tard, Louis XIII, grand amateur d’armes, rassemble dans son magnifique cabinet d’armes les plus belles pièces anciennes des collections de la Couronne.
Plus près de nous, au XIXème siècle l’Empereur Napoléon III, amateur averti, soutient la création et fait l’acquisition de nombreuses armes de luxe lors des expositions d’art et d’industrie qui marquent son règne.

La passion pour les armes anciennes historiques marque le pas entre les deux guerres mondiales. Mais elle rebondit rapidement dans les années 1950-70. Durant cette période, elle est l’apanage des acteurs des professions libérales : médecins, notaires, pharmaciens… qui ont les moyens d’investir sur un marché très porteur. L’intérêt est tel à l’époque dans le milieu médical que plusieurs laboratoires pharmaceutiques diffusent des objets publicitaires sur ce thème.

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Un des premiers fusil à platine à silex (1620).
Cabinet d’armes du roi Louis XIII.

La collection pour tous !

A partir des années 1970, la collection se démocratise et le phénomène s’amplifie avec l’apparition de revues spécialisées, de salons et de bourses d’échanges d’armes anciennes.

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Paire de pistolets Beringer en coffret accompagnés d’une poivrière

Dans les années 80, le phénomène prend tant d’ampleur que les prix flambent et que des sociétés d’investissements proposent l’acquisition d’armes anciennes comme valeurs refuges. Entre 1980 et 1990, le prix des armes de collection est multiplié par 10 ce qui ne valait que 80 € quelques années auparavant dépasse en quelques temps les 800 €. Puis la bulle spéculative éclate et les prix retrouvent une certaine stabilité.
Pendant un quart de siècle, le phénomène poursuit sur sa lancée. Mais depuis quelques années, à cause d’une réglementation de plus en plus restrictive et des conditions économiques peu favorables, la collection des armes anciennes a ralenti.

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Les bourses aux armes sont un moyen extraordinaire de rencontrer les autres collectionneurs

Étonnement, l’intérêt pour l’art militaire et les armes historiques est reparti à la hausse depuis le premier confinement. L’arrêt des bourses et des salons, depuis près d’un an et demi a créé une diminution de l’offre alors que les économies obligées, générées par la pandémie, ont décuplé la demande.
A l’heure actuelle, ce sont les ventes aux enchères et les sites de ventes en ligne qui tirent le mieux leur épingle du jeu.

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La plupart des collections sont nées dans les bourses aux armes

La valeur est dans le témoignage de l’histoire

On trouve encore aujourd’hui, assez régulièrement, des armes anciennes dans les maisons bourgeoises et dans les campagnes. Pour savoir si elles sont en vente libre il faut déjà s’adresser à des spécialistes ou consulter les rares sites web dédiés au sujet. Une fois l’aspect réglementaire réglé, reste à faire évaluer la valeur vénale en fonction de l’ancienneté [1], l’état général et éventuellement du fonctionnement mécanique pour les armes à feu et de la mode du moment.
A titre d’exemple, en 1965, un pistolet de cavalerie du premier 1er Empire coûtait l’équivalant d’un SMIC, en l’an 2000 il atteignait la valeur de deux SMIC et
aujourd’hui, il ne vaut plus que 80 % d’un SMIC. Pourquoi ? Pour des questions de tendances certes, mais aussi parce que la France perd pied avec son histoire, de moins en moins bien enseignée, et que ses pages de gloires militaires sont peu à peu oblitérées.

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