Pour chaque cas décrit, l’UFA propose un classement conforme à l’esprit de la nouvelle législation dans laquelle le critère déterminant de classement est celui de la dangerosité de l’arme.
Versions courtes des fusils adoptées après 1900
L’adoption par la France du premier fusil militaire tirant une cartouche à poudre sans fumée : le fusil Lebel, l’année 1886 marqua un véritable tournant dans le domaine de l’armement. Dès que les performances du fusil Lebel commencèrent à être connues à l’étranger [1], la plupart des armées s’empressèrent d’adopter elles aussi des armes tirant des munitions à poudre sans fumée.

Le remplacement des fusils à poudre noire par des fusils à poudre sans fumée représentait une dépense considérable pour chacun des pays concernés, d’autant plus que ces derniers avaient déjà renouvelé tout leur armement à poudre noire vers 1870 lors de la généralisation du chargement par la culasse et des cartouches à étui métallique, puis aux alentours de 1880 lorsque les fusils à un coup avaient été abandonnés au profit de fusils à répétition.
Les dépenses à assumer étaient d’autant plus lourdes, que les armées de l’époque comportaient d’énormes effectifs [2] auxquels il fallait ajouter ceux fournis par la mobilisation [3]. Outre les difficultés budgétaires que cela représentait, les moyens industriels de l’époque ne permettaient pas toujours aux manufactures de fournir le nombre d’armes souhaitées dans les délais prescrits par les forces armées.
De ce fait, la plupart des pays ont attendus 15 à 20 ans pour tourner la page des carabines et autres mousquetons à poudre noire qui armaient leurs troupes, en les remplaçant par les armes à poudre sans fumée, [4]
Cette réalité historique se traduit aujourd’hui par des incertitudes en matière de classement de beaucoup d’ armes courtes, car beaucoup de carabines dérivant de fusils antérieurs à 1900 n’ont été adoptées qu’après 1900.
Armes d’un modèle antérieur à 1900 et modernisées après cette date
Afin de compléter les stocks d’armes de divers belligérants, au moment de la déclaration de guerre de 1914, certaines armes à poudre noire, d’un modèle très nettement antérieur à 1900 furent modernisées par le montage d’un canon chambré et éprouvé pour le tir d’une cartouche à poudre sans fumée [5].

Armes modernisées après 1900
La rationalisation des fabrications industrielles, imposée par la Première Guerre mondiale, conduisit après 1918 à renoncer à l’utilisation au sein d’une même armée de variantes multiples d’une même arme affectées spécifiquement à différents corps [6].
Entre les deux guerres mondiales, la plupart des armées décidèrent donc d’étudier l’adoption d’un modèle d’arme unique, plus compact [7], d’une longueur totale voisine de 110 cm.
Par ailleurs, les pays qui étaient précédemment équipés d’armes en calibre 6,5mm (Italie, Grèce, Roumanie, Pays Bas, Japon, etc.) choisirent de transformer leurs armes pour tirer des cartouches de plus gros calibre (7,35 à 8mm), qui offraient une meilleure portée et permettaient de réaliser plus facilement des projectiles dits « spéciaux » (perforants, traçants, incendiaires), que la généralisation des avions et des chars d’assaut dans les conflits modernes rendaient indispensables.
La période de l’entre-deux-guerres étant marquée par de grandes difficultés économiques et des restrictions sévères des budgets militaires, beaucoup de ces améliorations furent différées pendant plus de 15 ans, d’autant plus volontiers qu’il existait d’énormes stocks d’armes constitués pendant la première Guerre Mondiale qu’il fallait bien utiliser jusqu’à leur usure.

Ce n’est que vers 1935, lorsque les tensions internationales commencèrent à s’aggraver en Europe et en Extrême-Orient, que les budgets militaires remontèrent et que les armées commencèrent à opérer le remplacement de leurs armes datant de la Grande Guerre (et parfois même du siècle précédent), par des modèles nouveaux, qui ne furent toutefois fabriqués qu’en quantités restreintes par économie.
De ce fait, à la déclaration de guerre de 1939, seule une partie des effectifs des armées belligérantes étaient équipés de fusils entièrement nouveaux [8]. Les unités moins favorisées se trouvaient dotées de modèles antérieurs à 1900, parfois sommairement remis au goût du jour, comme le Lebel R35 français, qui n’est qu’un Lebel raccourci, dont le magasin ne contient plus que trois cartouches.
Armes converties en petit calibre pour l’entraînement
Beaucoup d’armées convertirent au cours du vingtième siècle des fusils de modèle antérieur à 1900, déclassés pour le service actif, en armes d’entraînement dotées d’’un canon de calibre .22LR ou d’un calibre voisin, afin de permettre l’entraînement au tir des recrues à peu de frais.
La référence à prendre pour leur classement est-elle celle du modèle initial ou celle de la date de la transformation ?
Versions courtes d’armes d’épaule de catégorie C à répétition manuelle et magasin fixe
La réglementation actuelle classe en catégorie B les armes d’épaule dont le canon mesure moins de 45 cm ou dont la longueur totale est inférieure à 80 cm. Il est très probable que ces dispositions ont été prises pour éviter l’accès facile à des fusils de chasse à canon scié ou à des carabines semi-automatiques de type USM1A1 que leur crosse repliable et leur grande puissance de feu (magasin amovible) rendent particulièrement dangereuses.

Il en va tout autrement de certains mousquetons Mauser dotés de canons longs de 44 à 44,8cm. Bien que cette longueur soit très légèrement inférieure à celle prévue par la réglementation, ces mousquetons ne présentent absolument aucun supplément de dangerosité par rapport aux autres carabines du même type à canon de 45cm ou plus, qui sont classées en catégorie C. Nombre de tireurs détiennent d’ailleurs ces carabines courtes en catégorie C sans même se douter que les quelques millimètres de longueur qui manquent à leur canon peuvent changer le classement de leur arme.
Conclusion
Pour le classement des armes longues rayées [9] et de leurs variantes modernisées, ou courtes, l’UFA recommande que le modèle d’origine soit pris comme référence.
Les armes que nous avons listées plus haut ne comportent en effet aucun danger supplémentaire par rapport à leur modèle d’origine.

Pour éviter tout « effet d’ »aubaine" notre association préconise toutefois de ne permettre le classement en catégorie D2 qu’aux seules armes dont il est possible de prouver que la transformation a été opérée avant 1946.