Reportage de Direct 8 "enquête inédite"

lundi 8 février 2010

Encore un reportage de plus sur les armes en France diffusé cette fois dans l’émission « Enquête inédite » de la chaîne Direct 8. [1] Une fois de plus, on assiste à un amalgame et des raccourcis auxquels les médias nous ont malheureusement habitués. La bêtise et la mauvaise foi deviennent lassantes pour le possesseur d’armes légales.

Cela commence dès la présentation du reportage qui est justifié par des faits divers récents dans lesquels des armes à feu ont été utilisées, notamment « France armée » montrant qui possède des armes dans notre pays. Déjà le possesseur légal d’armes à feu se demande pourquoi on l’amalgame avec les auteurs du fait en question qui détenait illégalement l’arme utilisée...
Après vient l’énumération des différents possesseurs d’armes existant dans notre beau pays et qui sont montrés comme des bêtes curieuses. Horreur et c’est un scoop, les tireurs sportifs se servent d’armes pour leur sport, les chasseurs de fusils de chasse pour pratiquer leur activité et les collectionneurs achètent des armes neutralisées dans les « supermarchés de l’arme que sont les bourses aux armes anciennes. La France tremble et n’en revient pas... Et oui messieurs les journalistes, certains de vos concitoyens se passionnent pour ces objets qui font partie de l’aventure humaine. Pour d’autres c’est la pêche, la pelote basque, le vélo et pourtant avec 20 millions d’armes en circulation annoncées, la France est encore peuplée.

Après avoir montré un dangereux tireur sportif conservant ses armes avec verrous de pontet à code et coffre fort, mais son épouse n’est pas rassurée quand même, ce sont les chasseurs qui sont montrés du doigt car leurs armes sont d’après le reportage plus faciles à acheter (on en conclue que l’examen du permis de chasse n’est qu’une simple formalité...). La collection est montrée bien sûr avec l’exemple non représentatif d’un possesseur d’un vénérable Gewehr 1898 en état qui a fait la guerre de l’arrière grand-père mais qui reste très très dangereux malgré tout. On montrera aussi un collectionneur d’armes de fouilles trouvées au détecteur. La République est en danger... A ce stade on se demande toujours où est le rapport avec le fait divers d’introduction. La menace nous est expliquée avec « quelques cas » de remise en état d’une arme neutralisée mais il est précisé tout de même que cette réactivation n’est pas à la portée de tout le monde.
On finit sur les armes utilisées dans les banlieues et pour les braquages, en fait les quelques kalashnikovs et autres armes modernes du trafic illégal (une quinzaine d’armes par cité sensible précise-t-on). Ah ! là enfin, on saisit le rapport avec les faits divers cités. On termine le reportage en rappelant l’explosion des vols avec armes à feu (25% d’augmentation en à peine 2 ans) en précisant que la circulation des armes illégales doit y être pour quelques choses. En disant cela , gageons que le commentateur ne pense pas au Mauser 98 du papy ou aux quelques armes déneutralisés cela voudrait dire que les braqueurs ne sont pas très regardant sur leurs outils de travail...

Pour commenter le reportage, l’interview obligé du député Bruno Leroux en tant que président de la Mission parlementaire récemment créée pour étudier la violence par armes. Son discours semble quelque peu raisonnable, il reconnaît que la tradition des armes existe dans les campagnes françaises et que ce n’est pas là que se passent les faits divers les plus graves commis avec des armes. Il affirme que c’est dans les cités qu’un petit nombre d’armes pose problème. C’est pas dans les endroits où il y en a le plus que les armes peuvent poser le plus de problèmes dit-il. Il souhaite cependant une simplification de la législation avec deux catégories, les armes de guerres et les autres armes. Il veut aussi que les possesseurs d’armes illégales rendent les armes comme dans d’autres pays et que l’on crée des brigades spécialisées dans le domaine. Au passage, on peut se demander si les possesseurs de kalashikovs suivront ces voeux pieux et les rendront aux autorités, mais bon passons. Il ajoute que son problème c’est les armes de trafics, les armes illégales. Il ne veut pas gêner les traditions de la chasse et du tir sportif, mais ne veut pas que l’on se protège avec une arme. Il affirme que l’on a eu de la chance d’éviter les faits divers des lycées américains et autres massacres ayant eu lieu au Canada et au Royaume-Uni, mais que récemment en France, un élève armé a tenté d’entrer dans son lycée pour tuer un professeur, donc il faut faire quelque chose. Evidemment, on sait que cela se produit tous les jours dans notre pays...

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Les détenteurs d’armes ont l’obligation de conserver leurs armes dans un coffre fort.

Suite au reportage et à l’interview qui a suivi, l’amateur d’arme en conclue que les armes qui posent problèmes, ce sont celles que l’on trouve dans les cités et celles utilisées par le grand banditisme. Nous ne reviendrons pas avec l’amalgame qui est fait, une fois de plus, entre la France et les Etats-Unis, nous n’avons pas la même législation ni le même accès aux armes, espérons que Bruno Leroux en soit conscient. Pour le reste le possesseur d’armes légales prend acte de la partie raisonnable de son discours et demande que l’on aille récupérer celles qui posent problème, là où elles se trouvent... et qu’on lui fiche la paix !


[1Pour la première fois le 11 janvier 2010