AMAT champion de tir, a œuvré contre les armes.

samedi 16 mars 2002

Parfois nos meilleurs ennemis sont peut-être au sein de la FFTir. C’est ce qui s’est passé dans les années 2002 au moment ou l’on parlait de supprimer les armes.
Retour sur cette époque.

A l’époque, Jean-Pierre Amat, 40 ans, est maître de tir. Champion du monde 1998 de carabine 300 mètres 3 positions, champion d’Europe 2000 de tir à la carabine 10 mètres, deux fois médaillé olympique, il est actuellement entraîneur de l’équipe de France de biathlon. Il a répondu à quelques questions :

Quel est la réaction du tireur sportif face à la tuerie de Nanterre ?
Une réaction d’horreur. Mais, au-delà, une grande tristesse pour ma discipline parce qu’à travers ce fait divers, on voit tous les tireurs sportifs associés à une pratique totalement déviante. L’homme qui a fait cela n’a absolument rien à voir avec nous. Au sein de la Fédération française de tir, il y a schématiquement deux catégories de tireurs : le tireur sportif et le tireur de loisir. L’auteur de la tuerie de Nanterre est à classer dans la seconde catégorie. Pour moi, un tireur sportif pratique la compétition et s’entraîne à ces fins.

Avec une munition appropriée ?
En discipline olympique, on peut tirer à l’air comprimé ou au calibre 22 long rifle (1), c’est tout. Les armes de calibre supérieur ne sont pas destinées à cela. Certaines personnes tirant avec des gros calibres ont une pratique respectable, mais je pense aussi que ce matériel-là, classé en première et quatrième catégorie, peut flatter un certain type d’ego chez ceux qui l’utilisent. Que c’est la possibilité pour certains amateurs de films pétaradants de s’extérioriser. Et dans cette population-là, malheureusement, il y a une infime minorité d’individus dangereux qui, un jour, peuvent passer à l’acte, parce qu’ils ont dans les mains un outil qui permet de le faire.

Quel est la part du club de tir dans cette dérive ?
Je pratique dans un club où le calibre maximal autorisé est le 22 long rifle. C’est un choix. Nous avons créé nos installations afin qu’il soit impossible de permettre l’utilisation d’un calibre supérieur.

Donc pas de cibles en forme de silhouettes humaines, pas de parcours de tir instinctif ?
Non. Les fous de la gâchette ne trouveront pas autre chose que des cibles normales. Nous ne sommes pas là pour que s’exprime le désir d’une puissance inassouvi. Je réprouve aussi totalement le parcours de tir où l’on voit des tireurs faire feu dans toutes les situations possibles.

Ne pensez-vous pas que l’arme du tireur devrait rester au club ?
La question posée doit être : que va-t-on faire dans un club de tir ? Et donc, quel est l’outil adapté pour le faire ? Une législation intelligente sur les armes devrait partir de la notion de tir, définir le tir sportif, les types d’armes adaptés à cette fonction et s’en tenir là. Des pistolets 22 long rifle 5 coups ont été construits, pensés pour faire de la compétition. Le pistolet Glock utilisé à Nanterre est une arme de guerre destinée aux armées ou aux services de sécurité. Jamais il ne viendrait à un tireur de compétition l’idée d’acheter ce type d’arme. D’autres le font. Je ne me sens concerné ni par ces gens, ni par leur armement, ni par leur pratique. Alors, si demain j’apprends qu’il faut se limiter au calibre utilisé dans nos disciplines, cela ne me dérangera pas. Mieux : en défenseur des droits des tireurs sportifs de compétition, ça m’arrangera même beaucoup.
Et, si la législation doit évoluer un jour, je souhaite être associé à la réflexion qui s’engagera.

Article publié par Sorj CHALANDON le 22 mars 2002 sur le site de Libération.

Voir aussi :
- Si Amat a bien été champion du monde 300m 3 positions en 98, ce n’est pas avec une 22.
- Déclaration de Nicolas Sarkozy pour restreindre les armes,