Ars Mechanica – La Force d’Innover

Qui ne connaît pas la FN de Herstal, cette légendaire Fabrique Nationale d’armes, devenue aujourd’hui le « Groupe FN Browning » en hommage à John Moses Browning ? Réputée dans le monde entier pour ses armes de guerre comme pour ses fusils de chasse, l’entreprise célèbre cette année son 135^e anniversaire.

Pour marquer l’événement, l’exposition Ars Mechanica – La Force d’Innover, installée à La Boverie, retrace du 25 avril au 27 juillet 2025 l’incroyable aventure humaine, industrielle et artistique de cette maison d’exception. Situé au bord de la Meuse, le lieu, récemment rénové, offre un écrin idéal à cette immersion.
De la tradition à l’innovation
Le parcours débute aux origines de l’armurerie liégeoise pour aboutir aux technologies de pointe actuelles. Des pièces emblématiques, comme le fusil-mitrailleur EVOLYS (2021), côtoient des chefs-d’œuvre plus anciens, tel le fusil luxueusement gravé de l’armurier Gosuin, offert à Napoléon Bonaparte lors de sa visite à Liège en 1803. Ce bijou d’artisanat dialogue avec un portrait impérial signé Ingres.

La FN, c’est aussi l’Amérique : Browning, Winchester, la conquête de l’Ouest et Buffalo Bill. Des prêts exceptionnels de musées américains illustrent cette connexion transatlantique. L’exposition rappelle même que des armes liégeoises ont équipé les troupes nordistes… et probablement quelques sudistes pendant la guerre de Sécession.

L’arme, une œuvre d’art ?

Le choix d’un musée des Beaux-Arts n’est pas anodin : il souligne l’alliance intime entre beauté et fonction, entre art et technique. Les armes de chasse et de guerre, exposées ici, s’imposent autant comme objets de design que comme prouesses mécaniques.
Les amateurs remarqueront l’absence de certaines pièces militaires mythiques. Le célèbre FAL, par exemple, n’est représenté que par quelques prototypes. Un choix délibéré, pour éviter les débats inutiles sur les usages militaires récents. L’exposition préfère mettre en lumière la créativité et l’ingéniosité technique de la FN, depuis le BAR jusqu’au SCAR, du Minimi au MAG, en passant par le vénérable M2.

Au cœur de la région liégeoise

L’exposition rend aussi hommage aux milliers de femmes et d’hommes qui ont travaillé à Herstal, symbole du savoir-faire liégeois. Si la mécanisation a réduit les effectifs – de 12.000 salariés dans les années 1960 à environ 1.700 aujourd’hui en Belgique – l’excellence du geste technique reste au cœur de l’identité FN.

Un musée en devenir ?

Sobre et élégante, la scénographie préfigure ce que pourrait devenir le futur musée permanent Ars Mechanica, destiné à accueillir durablement les collections de la firme. Tous ceux qui défendent le patrimoine armurier espèrent voir ce projet aboutir.
Enfin, l’exposition dépasse largement le monde des armes : elle présente aussi les incursions de la FN dans d’autres secteurs (motos, aviation, aérospatiale, sport) et expose peintures, sculptures, affiches et documents d’archives, témoignant d’un marketing audacieux et d’une vraie culture d’entreprise.

Une réussite saluée

Organisée par la Fondation Ars Mechanica, en partenariat avec la Ville de Liège et l’ASBL CIAC, l’exposition bénéficie de prêts remarquables, dont ceux du Musée royal de l’Armée à Bruxelles (merci à son conservateur M. Arthur Van Rossem), ainsi que de nombreuses collections privées, belges et étrangères. Plusieurs pièces sont montrées au public pour la toute première fois.
Ne manquez pas cette exposition exceptionnelle, au croisement de l’histoire, de la technique et de l’art.

Lieu : La Boverie