Fait de société : police et entraînement en stand de tir privés
mardi 12 janvier 2021, par
Jusqu’à une époque récente, l’entraînement au tir de la plupart des gendarmes et des policiers ne dépassait guère le tir annuel d’une douzaine de cartouches, pratiqué avec leur arme de poing de service. Cet entraînement était tout à fait insuffisant pour maîtriser l’usage d’une arme de poing mais heureusement en dehors de quelques unités d’intervention, la plupart de ces fonctionnaires et militaires traversaient toute leur carrière sans avoir besoin d’utiliser leur arme.
Cette situation s’est malheureusement bien dégradée depuis une dizaine d’années : la banalisation des actions terroristes, la violence irréfléchie de certains malfaiteurs qui, n’ayant plus à craindre comme par me passé que le meurtre d’un policier ne les conduit à la guillotine, n’hésitent plus à tirer sur les forces de l’ordre. Un autre facteur d’insécurité réside dans l’utilisation par la pègre d’armes modernes à grande puissance de feu.
Face à cette triste évolution, le ministère de l’intérieur, le ministère des finances (douanes) et le commandement de la gendarmerie ont doté leurs hommes de pistolets plus modernes et plus efficaces et on en parallèle notablement augmenté les dotations de munitions destinées à l’entraînement. L’entraînement se trouve malheureusement pénalisé par le manque de stands de tir de proximité. La réduction du format des armées a entraîné la dissolution de beaucoup de régiments, dont le stand de tir était souvent mis à la disposition des gendarmes dans certains créneaux. Les policiers qui utilisaient souvent pour leur entraînement de petits stands municipaux, ont vu ces derniers fermer les uns après les autres sous la pression de riverains prompts à faire circuler des pétitions contre les prétendues nuisances sonores engendrées par ces stands.
Pour des raisons d’économie, il est rare que les commissariats ou les gendarmeries nouvellement construits soient dotés d’un stand souterrain, ce qui simplifierait pourtant beaucoup la pratique des tirs d’entraînement.
Plutôt que de perdre des journées et des litres de carburants pour se déplacer vers les stands, qui ont subsisté mais qui sont parfois situés à l’autre extrémité du département, certains responsables de la police et de la gendarmerie [1] ont adopté la solution astucieuse et pragmatique de passer des conventions avec les stands de tir sportifs de leur région, pour permettre à leurs hommes de s’entraîner sans avoir à perdre un temps de service considérable en déplacements.
Cette formule est une donnée nouvelle, qui doit constituer un partenariat de type gagnant-gagnant :
pour les forces de l’ordre, auxquelles cette formule apporte un gain de temps, de fatigue et une économie de carburant.
pour les clubs, pour lesquels la location de leurs installations ne peut qu’améliorer leur équilibre financier et permettre le financement des travaux d’entretien et d’amélioration, dont bénéficieront tous les utilisateurs. Pour les clubs dont l’avenir est menacé par l’urbanisation de leur commune, le fait que la municipalité sache qu’il ne s’agit pas simplement d’installations de loisirs, mais aussi de sites servant à l’entraînement des forces de l’ordre, ce partenariat peut contribuer à éviter leur fermeture, voire même à faire financer des travaux d’insonorisation.
Enfin on peut espérer que l’utilisation de ces installations sportives contribuera à faire mieux connaître les tireurs sportifs par les policiers et les gendarmes et à désarmer les préventions de certains d’entre eux vis à vis des particuliers détenteurs d’armes,
Cette collaboration entre forces de l’ordre et clubs de tir sportifs doit se faire dans le cadre de conventions bi-partie. Dans celle-ci les créneaux et les conditions d’utilisation et sa durée seront clairement précisés. Les questions d’assurance, de prise en charges des éventuels dégâts causés aux installations, de montant de la location restent bien entendu les points essentiels de cette convention.
Le tir sportif obéissant à des pratiques très différentes du tir de combat ou d’intervention pratiqué par les forces de l’ordre, il est préférable d’éviter de mélanger les genres, en réservant à ces dernières certains créneaux (de préférence en semaine), durant lesquels le stand leur sera exclusivement réservé et sera consigné aux tireurs sportifs.
Les membres des forces de sécurité, souhaitant pratiquer le tir hors de ces créneaux pourront parfaitement devenir membres du club, mais dans ce cadre, ils ne pourront pratiquer le que le tir sportif, selon les règles de la FFT, comme de simples « Pékins » [2].
Savoir plus : Utilisation des installations des clubs de tir par les gendarmes et policiers. Convention entre la Gendarmerie Nationale et la Fédération Française de Tir. |
Maj JJB - 04/02/22