La collection de militaria
Ventes aux enchères : objets nazis retirés des ventes aux enchères !
mercredi 17 février 2021, par
De toutes parts, des organisation militantes font échouer des ventes aux enchères où sont présentés des objets de militaria qui comportent la croix gammée. Soit le commissaire priseur cède pour éviter le scandale, soit il s’agit d’une décision de justice. Mais cette dernière est elle véritablement conforme à la loi ? C’est ce que nous tentons d’étudier dans cet article.
Seule est interdite : « l’exhibition d’uniformes, d’insignes ou d’emblèmes évoquant les responsables de crimes contre l’humanité. »
- Un ensemble de 80 objets nazi issus d’une collection privée, va rejoindre la collection permanente du musée de l’Holocauste de Buenos Aires. Lire article.
Pourquoi collectionner ?
A l’opposé d’une quête de représentation de toute idéologie, le collectionneur est un rassembleur de tous objets qui ont fait l’Histoire. C’est bien dans cet esprit que, concernant la 2ème GM, ils font figurer côte à côte étoile US, faucille et marteau, croix de lorraine et insigne nazi. C’est bien parce que tout au long de l’histoire de l’humanité, il y a eu des collectionneurs, que les musées du XXIème siècle peuvent exposer des témoignages. Et peut-être que vouloir gommer une partie de l’histoire reviendrait à attirer l’attention dessus, et qu’ ainsi détruire certains objets historiques serait contre-productif ? Alors, se garder de toute censure,ne deviendrait-il pas une forme de sagesse ?
Il serait absurde d’assimiler les collectionneurs de tels objets à de dangereux nostalgiques de ce régime. Les collectionneurs d’armes de l’Ancien Régime ne sont pas royalistes dans l’âme et les collectionneurs de souvenirs du Premier Empire ne rêvent pas du rétablissement d’un gouvernement impérial.
Témoigner pour l’avenir
En 1945, les GI’s et les soldats de Leclerc prenant qui des couverts du service personnel d’Hitler, qui des serviettes brodées au monogramme AH, dans le nid d’aigle d’Hitler à Berchtesgaden savaient inconsciemment qu’il fallait garder des preuves matérielles du cauchemar que le monde avait vécu.
Sans témoignages matériels ordinaires de cette période, les générations futures auront du mal à croire à l’existence du régime nazi, de sa propagande et de sa prégnance dans la société allemande.
Que dit la loi ?
L’article R.645-1 du Code pénal punit d’une contravention de cinquième classe passible d’une amende le port ou l’exhibition en public d’un uniforme, insigne ou emblème rappelant ceux portés par les membres d’une organisation déclarée criminelle par le tribunal de Nuremberg (SS, SD, Gestapo, corps des chefs nazis (le Führer, la Reichsleitung, les gauleiters et leurs principaux collaborateurs, les Kreitsleiter et leurs collaborateurs, les Ortsgruppenleiter, les Zellenleiter et les Blockleiter)) ou par toute personne reconnue coupable pour crime contre l’humanité.
Le Code prévoit des peines complémentaires, telles que la confiscation des objets ayant servi ou destinés à commettre l’infraction.
Cette infraction ne s’applique pas dans le cas où le port d’uniformes, insignes ou emblèmes est justifié pour les besoins d’un film, d’un spectacle ou d’une exposition dans le cadre d’une évocation historique.
Insignes xénophobes Ils sont interdits dans une enceinte sportive, mais cela est une autre histoire.
Dans son rapport sur « La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la Xénophobie », la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme, n’aborde pas les souvenirs historiques.
WikipdiA fait une page sur la loi contre le racisme et les discours de haine et là encore, il n’est pas question des souvenirs historiques.
En résumé, pour qu’un objet soit interdit, il doit remplir trois conditions cumulatives :
Qu’il porte un des emblèmes de : la SS, la Gestapo, le SD, le corps des chefs nazis, ou encore de celui d’une personne condamnée pour crime contre l’humanité.
Que cette exhibition soit publique,
Qu’il ne s’agisse pas d’une reconstitution historique, spectacle ou exposition culturelle.
- Don par des résistants d’objets de la seconde guerre mondiale
Des objets de la Seconde Guerre Mondiale légués à un musée
Gisèle Giraudeau, membre du réseau Front National de lutte pour la libération et l’indépendance de la France, a remis sa tenue de déportée. Le mardi 6 mai 2008, a eu lieu au Château des ducs de Bretagne la Cérémonie officielle de donation d’objets par des résistants. Des objets symboliques de la Seconde Guerre Mondiale : un drapeau allemand de la Feldkommandantur de Nantes, des tenues de déportés, des affiches et un mémoire de résistant faisaient l’objet de cette donation au Musée d’histoire de Nantes.
La justice et les politiques
Les objets liés au nazisme soulèvent de l’émotion à tel point que le législateur, justice et ’administration font des tentatives pour règlementer.
Proposition de loi du 28 mai 2008 déposée par le Sénateur Jacques Legendre et plusieurs de ses collègues. cette proposition de loi n’a jamais été inscrite à l’ordre du jour du Sénat. Justification du parlementaire : La vente d’objets nazis constitue une des formes insidieuses que peuvent prendre ces tentatives. Aussi convient-il de réaffirmer clairement, par une disposition pénale dépourvue d’ambiguïté, que ce type de transaction ne saurait être acceptable d’aucune façon sur le territoire de la République Française, quelque forme qu’elle prenne.
Yahoo.com avait été condamné le 6 avril 2005 par la Cours d’Appel de Paris pour la vente aux enchères d’objets nazis. Le résumé de l’affaire.
Saisie entachée de nullité : des gendarmes pénètrent dans une bourse aux armes et saisissent des objets nazis. Ce n’était pas un lieu public puisqu’il fallait payer une entrée. Jugement de relaxe du 12 novembre 2015, Cherbourg n° 14175000150.
Etat condamné pour « faute lourde » : suite à une perquisition chez un collectionneur, un drapeau et des armes blanches ont été saisis et brulés à la demande du procureur de la république de Lisieux. L’Etat condamné à 8 000 € pour la destruction et 1 200 € de frais de justice. Jugement du 19 août 2013, Caen.
La presse : . Juin 2022 : Pour le tribunal de Rouen, la vente d’objets en lien avec le 3ème Reich est une histoire flou ; Février 2021 : Rodez, une vente aux enchère interdite par la justice. Janvier 2021 : Blois, une vente aux enchères annulée. septembre 2019 : Caen, jugés pour avoir exposé un drapeau nazi, Aout 2018 : le port illégal d’uniformelors de reconstitution historique. Avril 2018 : Un commerçant est interpellé sur une foire à la brocante pour présenter "Une dague avec un aigle et un insigne avec une croix gammée partiellement cachée, qui se trouvaient dans une petite vitrine. " Normandie.fr et actu.fr normandie. Décembre 2013 : l’état condamné à rembourser 8000 € à un collectionneur pour avoir confisqué et détruit un drapeau nazi. Septembre 2008 : Article de la Gazette des armes sur le sujet Voir aussi article UFA : Le port illégal d’uniforme. |
Mai 2019, en Belgique ? :
La situation belge est moins précise. Exposer et vendre des objets nazis n’est pas prohibé. La loi du 23 mars 1995 tendant à réprimer la négation du génocide juif, en revanche, sanctionne l’utilisation de telles pièces aux fins d’apologie du régime national-socialiste. Selon les cas, l’exposition d’armes, d’uniformes et de sigles nazis tient donc à la fois de la propagande et de la collection historique. Vendre un objet remontant au Troisième Reich n’est pas illégal en Belgique, à condition de présenter une « valeur de collection historique ». C’est la position de la foire de Ciney, le plus grand marché de militaria du pays.
Que dire, donc des objets arborant la croix gammée qui ne sont en réalité que des reproductions à l’identique d’objets anciens ? Mystère.
28 septembre 2020 : proposition de loi Belgepour pénaliser ceux qui « porte ou exhibe » à de fins de propagande, les insignes des organisations déclarées criminelles. C’est en gros le Code Pénal Français avec la restriction de condition de propagande.
Ce qu’en pensent les politiques belges ? En novembre 2018, Georges Gilkinet (Ecolo) s’était dit choqué par le fait que des objets nazis (broches, brassards, etc.) aient pu être mis en vente à la Bourse Militaria de Ciney, le 28 octobre dernier.Le ministre de l’Intérieur, Jan Jambon (N-VA) avait alors répondu que le Code pénal ne prévoit pas de sanction pour la vente d’objets à l’emblème SS ou nazi mais bien en cas de discrimination, d’actes de haine ou de violence en raison de la race, de l’ascendance ou de l’origine nationale ou ethnique.
22 février 2021 : Dans un excellent article, le Figaro explique que sous le couvert d’anonymat, un militant s’attache à faire capoter toutes les ventes aux enchères où sont présents des objets comportant une croix gammée ou rappelant le régime nazi. Ainsi il s’est donné pour mission d’éradiquer une période de l’histoire comme si elle n’avait jamais existé. WikipédiA défini le Négationnisme par : « un déni de faits historiques, malgré la présence de preuves flagrantes rapportées par les historiens, et ce à des fins racistes ou politiques ». Alors que la vente de ces objets est légale, il promet de faire de l’agitation autour de la vente ce qui est évidemment contraire à la quiétude propre aux ventes aux enchères.
L’éternelle question est de savoir s’il faut se souvenir du passé pour éviter de répéter ses erreurs, ou de l’effacer des mémoires au risque de créer un traumatisme émotionnel ? Les psychologues prônent plutôt la résilience qui cultive l’art de rebondir à partir d’un évènement douloureux totalement accepté.
17 novembre 2010 : Le journal l’Express publiait un article de 3 pages sur le sujet en indiquant que même, Serge Klarsfeld le traqueur de nazis, refuse l’interdiction des objets rappelant le régime nazi.
Effacer les croix gammées : les maquettes en plastique ne comportent plus de croix gammées, l’armée allemande de la dernière guerre n’avait pas d’avions ?
Lire aussi :
EBay en croisade contre les collectionneurs IIIème Reich ; Facebook censure l’histoire ; Collectionner les souvenirs du IIIème Reich : mode d’emploi. |
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Rel. L- 24/02/21