Article extrait de la Gazette des Armes n° 515 de janvier 2019

Collectionneurs : parias de la société

jeudi 27 septembre 2018, par Erwan

Un collectionneur nous a récemment fait la réflexion suivante : : « j’ai peur en permanence et je dissimule ma passion. Un peu comme les homosexuels dans les années 1960 ».

Cette phrase illustre bien le sentiment de beaucoup de collectionneurs qui ressentent de plus en plus l’impression d’être traités en parias et qui ont perdu le sentiment du respect de leurs droits civiques.

A droite : « tableau les damnés de la terre. »

Douanes et forces de police se délectent à « faire des cartons » sur cette population peu dangereuse mais très vulnérable : malgré la volonté de simplification affichée par les rédacteurs de la loi de 2012, une nuée de décrets et d’arrêtés sont venu restreindre les quelques libertés que la représentation nationale avait enfin accordé après 73 ans passés sous la férule du décret-loi Daladier de 1939.
Avec cette législation à géométrie variable et les absurdités incompréhensibles que contiennent parfois les textes, il est bien rare que, dans sa vie, un amateur d’armes ne se trouve pas malgré lui en infraction à plusieurs reprises. Bien sûr, quelle cible de choix que cette population, pour des services répressifs, qui sont tenus de justifier chaque année leur existence, leurs effectifs et leurs budgets en présentant un tableau de chasse éloquent à leur hiérarchie !

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Sur cette photo on ne voit que des fusils de chasse lisse classés en catégorie C 1° §c). Ils ne sont pas à déclarer si le collectionneur les détient antérieurement au 1er décembre 2011.

C’est une forme de pêche idéale, où il suffit de tremper son épuisette pour attraper quelque chose à chaque coup. Il sera ensuite facile de monter en épingle une peccadille qui n’aurait occasionné jadis qu’un simple rappel à la loi ! Si le perquisitionné est irréprochable, cela n’empêchera pas de monter un gigantesque bateau pour la presse, en alignant complaisamment et sans aucune peur du ridicule, des armes détenues dans une parfaite légalité. On ne verra jamais les journalistes qui se prétendent « journaliste d’investigation » dénoncer l’arnaque. Au contraire, ils seront trop heureux de publier les photos des armes saisies, et d’annoncer le « démantèlement d’un vaste trafic d’armes « . Une belle photo d’armes alignées suscite toujours la curiosité du public et fait presque aussi bien vendre le journal, qu’un cadavre coupé en morceaux !

Avant que la justice ait pu se prononcer, le propriétaire des armes aura déjà « bénéficié » d’un procès public dans la presse ! Il sera désormais catalogué à vie par tout son quartier comme détenteur, voire « trafiquant d’armes « .
S’il parvient à prouver sa bonne foi, et que les magistrats veuillent bien oublier leurs préjugés anti-armes et entendre sa défense, la restitution des pièces saisies sera ordonnée. Mais ce sera au minimum au prix de lourds honoraires d’avocat, dont il ne sera jamais remboursé. Après la restitution des pièces saisies, le collectionneur devra s’estimer heureux si rien ne manque [1] et si ses pièces ont été manipulées et conservées avec le soin requis !

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Ces armes d’épaule sont toutes en catégorie C déclarables ou D§e) collection donc libres à la détention.

Il n’y aura bien sûr ni réparation du préjudice subi, ni sanction des fonctionnaires excessifs pour procédure abusive ou abus de pouvoir !

Pendant que fonctionnaires et magistrats, parait-il surchargés de travail, perdent un temps précieux à poursuivre d’honorables citoyens, les petits « délinquants de banlieue «  profitent de chaque festivité pour semer le désordre dans leur ville, affronter la police de façon de plus en plus violente et affiner leur tactique de guerre civile.

Tout va pour le mieux, bonnes gens, dormez tranquilles !

Voir aussi :
- Bavure : le calvaire d’un collectionneur
- Collectionneur ou bouc émissaire ?
- Ces transporteurs qui n’aiment pas les armes.
- Bavures, saisies et destructions d’armes et d’objets d’art

[1Dans le milieu des collectionneurs il existe une situation qui est appelée «  la part des anges  ».il s’agit du matériel qui ne figure dans aucun document et qui a pourtant bien été emporté lors de la saisie. Ou bien il figure bien dans le PV de saisie, ou sur les photos des journaux, mais pas dans l’expertise, donc ces armes se sont « évaporées » entre temps. Voir affaire du papy de Lyon.